Journée des Arts de Nyon - 2 novembre 2024
Table ronde: Le Phygital, alternative au digital ?
Entretien entre Guido Bernasconi et ChatGPT au sujet de l'art phygital (texte original)
Vous avez dit :
Phygital - As-tu déjà entendu parler de l'art phygital ?
ChatGPT a dit :
Oui, le concept de l'art phygital combine le monde physique et le monde digital. Ce terme est un mélange de "physique" et "digital", et il désigne les œuvres ou expériences qui unissent des éléments tangibles et numériques pour créer des interactions enrichissantes. L'art phygital se retrouve souvent dans des projets où les œuvres physiques intègrent des éléments numériques, tels que des technologies de réalité augmentée (RA), de réalité virtuelle (RV) ou des NFTs (jetons non fongibles).
Par exemple, un tableau traditionnel pourrait comporter des QR codes qui, lorsqu'ils sont scannés, révèlent des animations ou des contenus interactifs sur un smartphone. Une sculpture pourrait intégrer des écrans ou des capteurs qui permettent une interaction directe avec le public.
L'art phygital a gagné en popularité récemment avec l'essor des NFTs, permettant de posséder des œuvres d'art numériques en parallèle d'une version physique. Il attire les artistes et les collectionneurs qui cherchent à innover et à dépasser les frontières traditionnelles de la création artistique.
Vous avez dit :
Si je te dis: Le phygital, alternative au digital ? Qu'est-ce que tu en dis
ChatGPT a dit :
Dire que le phygital est une alternative au digital met en lumière une approche qui cherche à équilibrer le numérique et le physique, plutôt que de s'appuyer exclusivement sur l'un ou l'autre. Cette idée peut être particulièrement pertinente dans des domaines où l'expérience humaine, le contact et l'immersion physique apportent une valeur ajoutée que le numérique seul ne peut pas offrir.
En effet, le digital peut parfois manquer d'interactivité humaine, de sensorialité et de connexion émotionnelle directe. Le phygital permet de réintroduire ces éléments en combinant la facilité, l'innovation et la rapidité du numérique avec la tangibilité et l'engagement personnel des expériences physiques. Par exemple, dans le commerce de détail, des magasins intégrant des bornes interactives et des applications pour enrichir l'expérience d'achat montrent bien comment le phygital peut compléter et même surpasser le digital seul.
L'approche phygitale peut ainsi être perçue comme une réconciliation entre la vie réelle et la technologie, évitant la dématérialisation complète et offrant des solutions plus intégrées et humaines. Cette dualité permet d'obtenir le meilleur des deux mondes : la portée et l'efficacité du digital, associées à l'authenticité et à la présence physique.
Vous avez dit :
Si je te disais que pour ma part j'y verrais une façon de ralentir, d'introduire de la réflexion, voir de me passer des outils digitaux
ChatGPT a dit :
C’est une perspective intéressante et profonde. Si le phygital est perçu comme une façon de ralentir et d’introduire de la réflexion, cela implique qu’il peut être utilisé non seulement pour intégrer des éléments digitaux, mais aussi pour leur redonner une dimension plus humaine et consciente. C’est une manière de repenser la technologie, non pas comme une fin en soi, mais comme un outil au service de l'expérience humaine, avec une intention et un but.
En adoptant le phygital de cette manière, on pourrait imaginer des expériences où le digital ne prend pas le dessus, mais vient simplement enrichir une base physique. Cela pourrait encourager à prendre le temps de réfléchir, de s'engager pleinement avec l'œuvre ou l'interaction, et même à choisir des moments où l'on décide de se déconnecter complètement.
Le phygital peut donc être vu comme un moyen de rétablir un équilibre, permettant de naviguer entre les deux mondes sans succomber à la surcharge digitale. Par exemple, des espaces de galeries ou des lieux de création phygitaux pourraient proposer des œuvres qui incitent à la contemplation, à la pause et à la présence, tout en intégrant des éléments numériques subtils qui enrichissent mais ne dominent pas. En ce sens, il devient possible de se passer volontairement des outils digitaux, en utilisant leur potentiel uniquement lorsque cela a un sens et ajoute réellement à l'expérience.
Vous avez dit :
Pour ma part voici comment je procède. J'enregistre des images en temps réels des journaux télévisés en continu puis je fais un arrêt sur image pour en prendre une photographie que je retravaille ensuite à la main avec de la couleur et des textes pour en faire une allégorie de notre époque. Pour toi est-ce toujours du phygital ou une forme différente de phygital
ChatGPT a dit :
Ce que tu décris est en effet une forme très intéressante et originale de phygital. Ton processus combine des éléments numériques (la capture d'images en temps réel à partir de journaux télévisés) et des techniques physiques (le retravail manuel avec de la couleur et des textes), ce qui cadre parfaitement avec l'essence de l'art phygital : la rencontre entre le digital et le physique.
Cependant, ta démarche a une approche unique, car elle introduit un aspect plus réflexif et artisanal dans l'intégration du digital. Au lieu d'une interaction numérique continue ou d'une coexistence directe entre les mondes physique et digital, tu utilises le digital comme source ou point de départ avant de passer dans un univers créatif manuel, presque introspectif.
Je dirais que c’est bien une forme de phygital, mais avec une dimension particulière qui tend vers un dialogue critique avec le numérique. Ton œuvre semble symboliser une sorte de médiation artistique où le digital sert à capturer l'instantanéité de l'époque, tandis que la transformation manuelle représente un retour à la réflexion et à l'intentionnalité. C’est une forme d’art qui relie le réel et l’immédiateté médiatique à une interprétation subjective et nuancée.
En résumé, je dirais que c’est toujours du phygital, mais d’une manière qui explore davantage l'idée de recontextualisation et de ralentissement face au flux constant d'images et d'informations. Cela met en lumière le potentiel du phygital comme un moyen de prendre du recul et de repenser notre rapport au digital.
Vous avez dit :
D'accord. Et maintenant si j'ajoute que ma préoccupation artistique est de chercher à comprendre en quoi le monde numérique (sa capacité à envahir, à provoquer des fake news, à capter l'attention, à nous monter les uns contre les autres, à créer de bulles cognitives, à tout accélérer, à capter nos données privées pour les valoriser d'un point de vue marchand) est lié à la crise climatique en tant que forme d'"évolution" (je met évolution entre guillemets) que pourrais-tu en dire de plus
ChatGPT a dit :
Ce que tu exposes est une réflexion profonde sur l'interconnexion entre le numérique et la crise climatique, perçue non seulement en termes environnementaux, mais aussi comme un reflet de l'évolution sociétale et culturelle à travers la technologie. L'idée que le numérique, avec son omniprésence et ses externalités, contribue à une forme de crise globale qui dépasse le simple changement climatique est pertinente et ouvre des pistes de réflexion sur plusieurs niveaux.
1. Accélération et Consommation :
Le monde numérique favorise une accélération constante de nos rythmes de vie, de la production d’informations et de la consommation. Cette dynamique participe à une surenchère de la productivité et à une demande croissante en énergie pour alimenter les infrastructures numériques (centres de données, serveurs, technologies de streaming). Cette consommation énergétique a un coût environnemental direct en termes d’émissions de CO2, contribuant au réchauffement climatique.
2. Attention et Fracture sociale :
L’omniprésence du numérique, couplée à la logique des algorithmes, façonne des bulles cognitives et polarise la société. Cela influence la capacité des individus à prendre des décisions collectives cohérentes, notamment sur des questions urgentes comme le climat. Les fake news et la désinformation, favorisées par l’algorithme qui privilégie l’engagement, détournent l'attention de la complexité des enjeux environnementaux ou propagent des idées climato-sceptiques. Cette fracture sociale rend la mobilisation pour la crise climatique plus difficile.
3. Économie de l’Attention et Valeur marchande des données :
L'économie numérique est aussi basée sur la capture de l’attention et la monétisation des données personnelles. Cette exploitation continue encourage des comportements de consommation et des logiques de marché qui soutiennent un modèle économique de croissance infinie, en contradiction avec la nécessité de durabilité et de sobriété. La publicité ciblée et la culture de l'instantanéité renforcent des pratiques de surconsommation, avec un impact direct sur les ressources naturelles et la biodiversité.
4. Aliénation et Déconnexion de la Nature :
Le numérique peut également entraîner une déconnexion croissante de la réalité physique et de la nature. Plus on passe de temps dans des environnements virtuels, plus on perd le lien direct avec la nature et les préoccupations écologiques. Cette aliénation peut conduire à une forme d’indifférence à la crise climatique, perçue comme un problème lointain et abstrait.
5. Évolution ou Involution :
Le terme "évolution" que tu mets entre guillemets est révélateur. Cela interroge sur la direction que prend cette transformation numérique : s'agit-il réellement d'une évolution positive ou d'une involution vers un système qui exacerbe les inégalités, précarise la société et accélère la dégradation environnementale ? L’idée d’évolution technologique sans considération éthique et durable peut être perçue comme un chemin vers une forme de crise systémique où le numérique alimente et intensifie des tensions sociales, économiques et écologiques.
En intégrant ces éléments à ton art, tu pousses la réflexion sur la manière dont le numérique, bien que porteur de progrès et de connectivité, est aussi un miroir déformant de nos priorités et comportements collectifs. Ton approche artistique phygitale pourrait alors incarner une critique visuelle et allégorique de cette "évolution", en soulignant les liens insidieux entre la numérisation de notre monde et l’aggravation des crises contemporaines, y compris celle du climat.
GENERATION DIGITALE
Génération Digitale est une exposition qui présente les œuvres de Sève Favre et Guido Bernasconi, deux artistes travaillant en concomitance avec le monde digital et questionnant ses effets sur notre psyché, nos actes et la société en général.
Bien que de nombreux artistes se soient emparés des outils digitaux, l'art qui analyse ce phénomène n'a pas connu une croissance proportionnelle. Les multiples niveaux de lecture offerts par les œuvres de ces deux artistes attirent donc notre attention sur des éléments imperceptibles de prime abord par nos sens et notre cerveau subjugués par les potentiels de cette technologie qui a envahi notre monde depuis plusieurs décennies.
Tous deux, par leurs techniques différentes, nous démontrent que le spectre du monde digital ne nous est pas accessible dans son entier. Cette part invisible, inconsciente et immatérielle ne doit pas être sous-estimée alors qu’aujourd’hui nous commençons seulement à appréhender les conséquences de l’utilisation massive des outils digitaux sur nos vies, sur le développement et les interactions des êtres humains tout autant que sur l'urbanisme ainsi que sur notre environnement.
Guido Bernasconi trouve le moyen de nous confronter à ce que les médias propulsent dans notre espace quotidien et ceci indépendamment de notre volonté. Il nous alerte sur la perte de sens qui nous guette, nous questionne sur la possibilité de construire encore des futurs désirables, nous confronte à l'enfermement à l'oeuvre dans la captation de données dont nous sommes victimes.
Par son travail, il se réapproprie le rêve d'internet qui désormais transmet en temps réel les évènements médiatiques repris comme un catéchisme par le capitalisme digital en luttant contre cette accélération devenue aliénation intranquille. Travaillant avec une volonté de méthode fractale inspirée de la science des systèmes, il ralentit ce flux et réinstalle au coeur du numérique des potentialités émancipatrices et y restaure du narratif en nous reliant à notre destinée d'êtres humains sur une planète devenue Arche de Noé en péril.
Sève Favre nous présente des œuvres interactives qui impliquent résolument le public dans leur composition et leur évolution. A travers son travail, qui mêle l’analogue et le digital, elle désire nous faire prendre conscience des différences de nos réactions face aux réalités phygitales de nos vies contemporaines, ceci en s’appuyant notamment sur l’action directe par le toucher.
En effet, ses œuvres interactives sur toile possèdent des compléments digitaux interactifs qui en étendent les possibilités et les variations d’une manière presque infinie comme le montre d’ailleurs le travail mathématique effectué en regard de certaines de celles-ci.
Ceci est bien l’illustration du champ des possibles que le digital nous ouvre : des prolongements infinis, vertigineux que nous ne pouvons prétendre être capable de lire, explorer ou comprendre avec nos sens naturels.
Greg Podgorski Contemporary Art, octobre 2024